Elle trône parfois dans la salle de bain depuis des années, ce petit pot de vaseline, discret mais intriguant. On l’utilise pour tout et n’importe quoi, et sur les réseaux sociaux, certains en font presque une crème miracle pour le visage. Mais qu’en est-il vraiment ? La vaseline est-elle une alliée pour votre peau… ou vaut-il mieux se tourner vers des alternatives plus naturelles ?
La vaseline, c’est quoi exactement ?
La vaseline est une gelée grasse obtenue à partir du pétrole. Dit comme ça, ce n’est pas très poétique, mais c’est la réalité. Elle est ensuite purifiée, filtrée, raffinée pour obtenir cette texture douce, épaisse et transparente que l’on connaît tous.
Son rôle principal ? Former une barrière protectrice sur la peau. Elle ne nourrit pas vraiment, elle ne « soigne » pas à proprement parler : elle protège en empêchant l’eau de s’évaporer. C’est ce qu’on appelle un film protecteur.
En clair :
- Elle ne pénètre presque pas dans la peau.
- Elle crée un « couvercle » sur la surface cutanée.
- Elle aide à empêcher la déshydratation, mais n’apporte pas de vitamines ni d’acides gras essentiels.
C’est pour cela qu’on la retrouve souvent dans les produits pour lèvres gercées, mains très sèches ou petites zones très agressées.
Les bienfaits possibles de la vaseline sur le visage
Malgré son origine minérale, la vaseline n’est pas dénuée d’intérêt. Pour certaines peaux, dans certains contextes, elle peut vraiment rendre service.
Voici ce qu’elle peut apporter au visage :
- Protection du film hydrolipidique : si votre peau est très sèche, irritée, avec tiraillements, la vaseline peut aider à limiter la perte d’eau en formant une barrière protectrice.
- Soutien dans les zones très abîmées : ailes du nez irritées après un gros rhume, menton échauffé, petites zones très desséchées… Une fine couche de vaseline peut apaiser l’inconfort en protégeant la zone du frottement et du froid.
- Effet « pansement » temporaire : après certaines irritations légères (froid, vent, frottements), elle peut être utile comme couche de protection le temps que la peau se répare.
- Renfort pour la nuit : sur certaines peaux très sèches, une très fine couche par-dessus une crème ou un sérum hydratant peut aider à garder l’humidité à la surface (on parle parfois de « slugging » sur les réseaux).
En résumé : la vaseline peut aider à garder l’eau dans la peau, mais ce n’est pas elle qui va l’apporter. Elle joue plus le rôle d’un couvercle que celui d’un jus vitaminé.
Les limites de la vaseline sur le visage
C’est ici que les choses se nuancent. La vaseline n’est pas dangereuse en soi lorsqu’elle est de qualité cosmétique, mais elle n’est pas idéale pour tout le monde, ni pour tous les usages.
Ses principales limites :
- Aucune vraie valeur nutritive : contrairement aux huiles végétales, la vaseline n’apporte ni acides gras, ni vitamines, ni antioxydants. Elle protège, mais ne nourrit pas.
- Origine pétrochimique : même si elle est purifiée, elle vient du pétrole. Pour celles et ceux qui cherchent une routine plus naturelle, plus proche des plantes, ce n’est pas le compagnon le plus cohérent.
- Risque de brillance et d’effet « étouffant » : sa texture très occlusive peut donner l’impression d’une peau qui « ne respire plus », surtout si on en met trop. Même si la peau ne respire pas à proprement parler, cette sensation peut être très désagréable.
- Pas idéale sur les peaux grasses ou à tendance acnéique : elle peut aggraver la sensation d’encombrement, de pores bouchés. Elle n’est pas forcément la cause directe de boutons, mais ce n’est clairement pas l’alliée la plus adaptée pour ce type de peau.
- Possible intolérance : certaines personnes la supportent très bien, d’autres observent rougeurs ou petits boutons en réaction à cet effet filmogène très marqué.
On peut donc la voir comme un outil ponctuel, plutôt que comme une crème de visage à utiliser matin et soir toute l’année.
Vaseline sur le visage : pour qui, et dans quels cas ?
La vaseline peut avoir sa place dans une routine, à condition de savoir à qui elle s’adresse et comment l’utiliser.
Elle peut être envisageable :
- Pour les peaux très sèches à tendance atopique, en usage ciblé sur de petites zones très desséchées (ailes du nez, pommettes irritées, contour des lèvres).
- En hiver, pour protéger certaines zones exposées au froid et au vent, notamment lors de sorties prolongées.
- En couche très fine, ponctuellement, par-dessus une crème riche, pour limiter la déshydratation nocturne.
Elle est en revanche peu recommandée :
- Sur une peau grasse, mixte ou à tendance acnéique.
- Si vous recherchez des soins 100 % d’origine naturelle.
- Comme seul soin sur une peau déjà dénutrie ou déshydratée : elle ne fera que retenir… ce qui n’est pas là.
Un petit test sur une zone limitée du visage, pendant quelques jours, peut être une bonne façon de voir comment votre peau réagit avant d’en mettre plus largement.
Comment utiliser la vaseline sur le visage sans déranger sa peau ?
Si vous choisissez malgré tout de l’intégrer à votre routine, quelques gestes simples peuvent limiter les risques de mauvaise surprise.
Quelques conseils pratiques :
- Appliquez-la toujours sur une peau propre. Jamais par-dessus le maquillage ou la pollution de la journée.
- Utilisez-la en fin de routine, comme un « couvercle » protecteur, après votre sérum et votre crème.
- Misez sur la parcimonie : une très fine couche suffit largement. Si votre peau brille comme un miroir, c’est qu’il y en a trop.
- Réservez-la aux petites zones ciblées plutôt qu’à tout le visage.
- Évitez le contour des yeux, souvent plus fragile et sujet aux poches.
Et surtout, si vous observez une poussée de petits boutons, des rougeurs inhabituelles ou une sensation d’inconfort, faites une pause. Votre peau vous parle.
Pourquoi se tourner vers des alternatives naturelles ?
La nature nous offre une panoplie de trésors capables à la fois de protéger, de nourrir et d’apaiser la peau. Contrairement à la vaseline, beaucoup d’huiles et de beurres végétaux apportent réellement quelque chose à l’épiderme : des acides gras précieux, des vitamines, des antioxydants.
Ces alternatives ont souvent :
- Une origine végétale, plus en accord avec une démarche de bien-être global.
- Des propriétés multiples : nourrissantes, apaisantes, réparatrices, parfois légèrement anti-inflammatoires.
- Une affinité naturelle avec la peau, qui reconnaît ces matières grasses proches de ses propres lipides.
Regardons ensemble quelques candidates qui ont tout pour devenir vos nouvelles alliées.
Les huiles végétales : de vraies nourrices pour la peau
Les huiles végétales de qualité, obtenues par première pression à froid, sont de petites merveilles pour le visage. Chacune a sa personnalité, son toucher, ses forces.
Parmi les plus intéressantes pour remplacer la vaseline sur le visage :
- Huile de jojoba : très proche du sébum humain, elle aide à équilibrer la production de sébum, convient bien aux peaux mixtes, grasses ou sujettes aux imperfections. Elle protège sans étouffer.
- Huile d’amande douce : douce, enveloppante, idéale pour les peaux sèches et sensibles. Elle apaise les tiraillements et apporte un toucher velouté.
- Huile d’argan : riche et généreuse, adaptée aux peaux matures, sèches, marquées par le temps ou le soleil. Elle aide à maintenir l’élasticité.
- Huile de noyau d’abricot : légère et illuminatrice, parfaite pour redonner bonne mine aux peaux ternes et fatiguées.
Une ou deux gouttes massées doucement sur une peau légèrement humide (après un hydrolat par exemple) suffisent pour beaucoup de peaux. On peut ensuite ajouter une crème, si besoin, par-dessus.
Les beurres végétaux : l’équivalent végétal du « pansement »
Si vous aimez la texture cocon de la vaseline, certains beurres végétaux peuvent vous séduire, avec en prime une vraie richesse nutritive.
- Beurre de karité : c’est probablement le roi dans cette catégorie. Il protège, nourrit, adoucit et convient aux peaux sèches, sensibles, parfois réactives. En petite quantité, il fait merveille sur les zones très abîmées.
- Beurre de cacao : plus ferme, plus parfumé, il protège bien du froid et laisse la peau souple.
Astuce : prélevez une toute petite noisette de beurre de karité, faites-la fondre entre vos doigts, puis appliquez-la sur les zones sèches du visage. Comme pour la vaseline, mieux vaut en mettre peu que trop.
Aloe vera : l’ami des peaux déshydratées et irritées
Si la vaseline forme une barrière pour retenir l’eau, l’aloe vera, lui, apporte une jolie dose d’hydratation. Son gel, riche en eau et en composés apaisants, est apprécié par les peaux échauffées, sensibles, en manque de fraîcheur.
Ses atouts :
- Hydratant : il aide à apporter de l’eau à la surface de la peau.
- Apaisant : utile après une exposition au soleil, un rasage, ou en cas de rougeurs légères.
- Léger : il pénètre rapidement, ce qui est agréable pour les peaux mixtes ou grasses.
On peut tout à fait faire équipe : un peu de gel d’aloe vera, suivi d’une huile végétale qui retient cette hydratation dans la peau. Un duo beaucoup plus nourrissant que vaseline seule.
Hydrolats et macérats : le petit supplément d’âme des plantes
En soutien des huiles et beurres, les hydrolats et macérats apportent une dimension encore plus végétale à votre routine.
- Hydrolat de camomille romaine : merveilleux pour les peaux sensibles, sujettes aux rougeurs. Il apaise, délasse, adoucit.
- Hydrolat de rose : tonifiant, doux, apporte une sensation de fraîcheur et de confort, très apprécié des peaux matures ou déshydratées.
- Macérat de calendula : obtenu en faisant macérer les fleurs de souci dans une huile végétale, il est réputé pour apaiser et réparer les peaux irritées, fragiles, délicates.
Une routine simple peut ressembler à ceci : hydrolat sur le visage propre, quelques gouttes d’huile (seule ou enrichie en macérat), et c’est tout. Un rituel court, doux, profondément nourrissant.
Deux idées de routines naturelles selon votre type de peau
Pour rendre tout cela plus concret, voici deux exemples de rituels inspirés de la phytothérapie, à adapter à votre propre peau.
Pour une peau sèche et sensible
- Matin :
- Nettoyage très doux ou simple rinçage à l’eau tiède.
- Brumisation d’hydrolat de camomille ou de rose.
- 2 gouttes d’huile d’amande douce ou de noyau d’abricot, massées délicatement.
- Si besoin, une noisette de crème hydratante douce.
- Soir :
- Démaquillage à l’huile végétale (amande douce, jojoba…), puis rinçage.
- Hydrolat de camomille.
- 1 à 2 gouttes d’huile d’argan ou de macérat de calendula.
- Sur les zones très desséchées : une pointe de beurre de karité, en « pansement ».
Pour une peau mixte à tendance déshydratée
- Matin :
- Nettoyage doux.
- Hydrolat de lavande fine ou de rose.
- Un peu de gel d’aloe vera sur tout le visage.
- 1 à 2 gouttes d’huile de jojoba, surtout sur les zones sèches.
- Soir :
- Démaquillage / nettoyage très doux.
- Hydrolat de rose ou de fleur d’oranger.
- Quelques gouttes d’un mélange léger (jojoba + noyau d’abricot).
- Éviter les textures trop grasses sur la zone T si elle brille facilement.
Vaseline ou plantes ? Choisir en conscience
En fin de compte, la vaseline n’est ni une ennemie absolue, ni une fée bienfaitrice. C’est un outil parmi d’autres, intéressant dans des situations bien précises, mais loin d’être indispensable, surtout si vous rêvez d’une routine plus naturelle.
Pour les petites urgences cutanées, une peau très agressée par le froid, ou des zones ponctuellement abîmées, elle peut dépanner. Mais pour prendre soin de votre visage au quotidien, nourrir, apaiser, accompagner la peau dans la durée, les plantes ont mille fois plus à offrir.
Huile de jojoba qui écoute les peaux capricieuses, karité qui enveloppe comme un châle chaud, calendula qui murmure aux rougeurs de se calmer… À vous de choisir les compagnons qui résonnent le mieux avec votre peau, votre histoire, votre envie de douceur.
Et si un vieux pot de vaseline traîne encore sur votre étagère, peut-être ne faudra-t-il pas forcément le jeter. Mais vous saurez désormais quand l’inviter, et quand laisser la place aux merveilles végétales.